Séances 2020

« La situation sanitaire a, en grande partie, paralysé nos activités,
notamment la tenue de nos réunions mensuelles.

En conséquence, aucune conférence ne pourra se tenir dans l’amphithéâtre
du Muséum de Nantes tant que notre Gouvernement n’aura pas autorisé la
réouverture des Musées.

Cependant, toutes les conférences qui ont été, ou seront annulées,
feront l’objet, avec l’accord de chaque archéologue concerné(e), d’une
reprogrammation à une date ultérieure.

Bien cordialement,

Le Bureau »

 

« Le Bureau de la S.N.P. a le regret de vous informer qu’en raison de
l’épidémie provoquée par le Covid-19,
la conférence d’Aurélia Borvon
n’aura pas lieu comme prévu,
ce dimanche 15 mars.
Elle sera reportée à une date ultérieure. »

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« A notre grand regret, la conférence d’Aurélia Borvon a, une nouvelle fois, été annulée en raison des mesures de confinement imposées par notre Gouvernement . Mais Madame Borvon nous a déjà donné son accord pour qu’elle soit reprogrammée à une date ultérieure. »

 

REPORT DE LA CONFERENCE DU DIMANCHE 13 DECEMBRE

Comme vous l’aviez déjà très certainement supposé, étant donné la prolongation des mesures de confinement que vient de nous annoncer notre Gouvernement, la conférence de l’archéologue Gilles Leroux
sur «Les moissons du ciel : 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain» ne pourra avoir lieu, comme prévu,
le dimanche 13 décembre.
 Elle est reportée à une date ultérieure
qui vous sera communiquée en temps utile.

 

Dimanche 13 décembre 2020 annulée

Trente années de moissons archéologiques
dans les ciels d’Armorique

Depuis plus de trente années, des archéologues volants ont patiemment scruté les terroirs du Massif armoricain, à la recherche d’anomalies dans la croissance des végétaux. Les deux photographes Maurice Gautier et Gilles Leroux, ainsi que leur pilote Philippe Guigon, livrent, en publiant Les moissons du ciel aux Presses universitaires de Rennes, quelques-unes de leurs plus remarquables découvertes, choisies parmi une fructueuse moisson de plusieurs milliers de sites inédits.

Les recherches aériennes entreprises depuis 1985 dans l’Ouest de la France (les actuelles régions Bretagne et Pays de la Loire), au sein de programmes de prospection-inventaire, ont renouvelé les connaissances sur le peuplement de ces contrées occidentales longtemps considérées comme «des déserts archéologiques». L’élaboration progressive de méthodes adaptées aux systèmes de cultures, privilégiant les survols estivaux, ont permis la constitution d’importants fonds photographiques sur l’occupation ancienne du sol. L’analyse des données géographiques montre l’influence particulière de certains paysages remembrés, de la dynamique agricole et des conditions géo-pédologiques sur l’acquisition des résultats. Les découvertes les plus significatives concernent la fin de la Protohistoire et la période gallo-romaine, pour lesquelles l’enclos constitue un mode d’occupation généralisée des terroirs. Mais des révélations aériennes attribuables à d’autres périodes viennent aussi bonifier largement ces travaux aériens. Défilent ainsi les maisons longues des premiers agriculteurs, dont on ne connaissait il y a peu pratiquement que les seuls ensembles mégalithiques, les habitats et enclos funéraires des hommes de l’âge du Bronze, et surtout, très fréquemment, les innombrables fermes, chemins et champs des Gaulois. L’empreinte de Rome est bien marquée, souvent dans la continuité des occupations antérieures avec ses villae, lieux de cultes, villes et bien entendu le réseau routier. Si les sites du haut Moyen-Âge se laissent difficilement apercevoir, ceux du Moyen Âge central, sites religieux mais surtout castraux, sont bien représentés. Enfin, la naissance du bocage, puis l’émergence d’une agriculture industrielle, aboutissent aux patchworks des paysages actuels.

Enceinte néolithique de Sévérac (44) - La Doué

Les auteurs se proposent, au cours d’une conférence richement illustrée, de montrer que les découvertes réalisées dans le département de Loire-Atlantique ne se singularisent pas particulièrement du reste du massif armoricain. Toutefois pour des raisons tenant à la nature des sols ou aux aménagements des paysages modernes (remembrements et drainages conjointement réalisés à très grande échelle), les secteurs où les découvertes sont les plus nombreuses se réduisent aux pays guérandais et de Retz ainsi qu’à la frange septentrionale du département.

La Butte aux Pierres à St-Joachim (44)


 

Dimanche 18 octobre 2020

Le pollen pour décrire l’environnement végétal
au Quaternaire et étudier le peuplement
préhistorique de l’Europe.

Vincent LEBRETON, palynologue, professeur au Musée National d’Histoire Naturelle ; UMR 7194 Histoire Naturelle de l’Homme Préhistorique-CNRS (InEE).

Le Quaternaire se caractérise par l’émergence puis la récurrence de cycles climatiques depuis 2,6 millions d’années. Au Pléistocène, les analyses polliniques enregistrent l’histoire de la végétation en réponse à ces changements climatiques alternant des périodes glaciaires et interglaciaires. Pendant cette longue période, l’Homme préhistorique va graduellement coloniser le continent européen en s’adaptant aux contraintes environnementales et climatiques. Cependant, les activités de ces sociétés paléolithiques de chasseurs-cueilleurs ne modifient pas les paysages naturels. Ce n’est qu’à partir de l’Holocène, lors du dernier épisode de réchauffement climatique, que vont émerger les sociétés d’agriculteurs et d’éleveurs du Néolithique. Les activités humaines croissantes associées à ce nouveau mode de subsistance vont s’ajouter aux effets du réchauffement climatique global et modifier durablement la structuration du couvert végétal.

Au cours de la conférence, les résultats d’études palynologiques récentes seront présentés pour illustrer les grandes périodes culturelles de la Préhistoire européenne, en lien avec le développement cognitif des Hominines ayant successivement peuplé et occupé le territoire européen pendant le Quaternaire.

– Cliquer sur l’image, ci-dessus, pour l’agrandir –

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Dimanche 15 novembre 2020

Exploitation des poissons à Eynan/Ain Mallaha
(Vallée du Jourdain, Israël) au Natoufien final
(fin du Pléistocène)

Par Aurélia Borvon

Après une présentation générale de ce qu’est l’archéo-ichtyologie, la communication visera à exposer les données issues de ce type d’étude sur un site de la fin du Pléistocène situé en Israël, celui d’Ain Mallaha/Eynan (fouilles F. Valla et H. Khalaily).

Ce site est un site natoufien majeur, situé dans la haute vallée du Jourdain, près du lac Hula. Le niveau le plus récent, du Natufien final, a livré une quantité exceptionnelle de restes de poissons (plusieurs milliers). L’importance du poisson dans la subsistance des sociétés du Pléistocène supérieur est une question cruciale qui a été soulevée pendant plusieurs décennies mais qui a longtemps manqué d’études détaillées. La présence de ces milliers de restes ichthyologiques permet donc ici d’examiner cette question.

Les poissons, tous d’eau douce, appartiennent à deux familles essentiellement, les cichlidés et les cyprinidés. La présence discrète d’une troisième famille, celle des salmonidés, est également à signaler.

L’étude de ces vestiges très abondants vise, grâce à différents aspects qui seront détaillés (identification des espèces, nombre d’individus et estimation des tailles, etc.), à reconstituer l’ichtyofaune du paléo-lac Hula, l’exploitation et la consommation des différentes espèces de poissons et leur contribution à la subsistance natoufienne.

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26 avril 2020

Préhistoire de l’archipel Houat-Hoedic :

un terrain d’investigation privilégié

Jean-Marc Large

 

Houat et Hoedic sont deux perles de l’Atlantique nord. Au-delà de cette caractéristique très axée actuellement sur le tourisme, elles offrent au regard une histoire extrêmement riche et surtout très ancienne. Dès les années 1920, les premiers archéologues ont fait connaître un fragment de ce profond passé, ce qui a tout de suite eu un retentissement international. Le point d’orgue de ces découvertes a été la mise en évidence d’un cimetière mésolithique, époque des derniers chasseurs-cueilleurs de la fin du 6è millénaire avant notre ère, avant que les premières sociétés agrico-pastorales n’y laissent aussi leurs traces. En ce début du XXè siècle, la science archéologique n’avait pas encore atteint le degré de technicité qu’elle a aujourd’hui. Mais, déjà, les époux Péquart qui ont entrepris de lever le voile de ce passé ancien, développaient, pour l’époque, des méthodes de travail très novatrices. Les résultats ont alors été à la hauteur de leur espoir. Ce cimetière des derniers chasseurs-cueilleurs a livré les restes particulièrement bien conservés de 12 individus déposés dans 9 tombes avec leur dépôts funéraires d’accompagnement.

 

Ces îles, véritables conservatoires archéologiques, ont connu aussi d’autres occupations par la suite. Les premiers agriculteurs se sont installés il y a 6500 ans et ont laissé de nombreux monuments mégalithiques dont certains ont été étudiés très récemment. Dolmens et menhirs parsèment les deux îles et certains îlots. L’étude de deux files de pierres dressées à Hoedic, le Douet et Groah Denn, a livré les plus anciennes dates de mises en place de blocs érigés verticalement. Dans la première moitié du 5è millénaire avant notre ère, à l’emplacement de certaines des activités des derniers chasseurs-cueilleurs, les premiers Néolithiques ont mis en scène un territoire insulaire qui n’avait pas alors la même configuration que maintenant. La remontée progressive du niveau de la mer n’avait pas encore atteint celui que l’on connait actuellement, les deux îles étaient jointes par une grande dépression émergée lors des basses marées. De ce début du 5è millénaire, on ne connait que des architectures symboliques, pas d’habitats. Les files de pierres dressées ponctuaient un paysage qui devait avoir alors un véritable sens : rochers, couloirs d’érosion marine, étangs rétro-littoraux représentaient des particularités intégrées dans leurs mythes. Il en est de même pour les astres et le soleil en particulier, puisque la file du Douet est alignée sur le lever du soleil au solstice d’été. Les files de pierres levées étaient des monuments très dynamiques, évoluant au fil du temps et présentant des dépôts cultuels à la base de certains blocs. Plus tard, au tournant du milieu du 5è millénaire, les dolmens verront leur apparition sur l’île. Ils ne sont pas spectaculaires et souvent ruinés, mais ils indiquent la forte occupation de ces îles pour célébrer le culte des morts et marquer le paysage.

 

Ce n’est qu’à la fin du 4è millénaire que les peuples néolithiques changeront de stratégie : de symbolique, les aménagements deviendront fonctionnels tout en gardant une petite part de symbole. La maîtrise du couloir de circulation du Mor Bras, la volonté de diversifier leur matière première (silex) et la quête de nouvelles ressources culinaires seront les moteurs de ces occupations. Avec l’apparition de la métallurgie, les traces de l’occupation sur ces îles sont plus diffuses mais présentent tout de même un grand intérêt à la fois sur le plan fonctionnel comme sur le plan symbolique. Il faudra ensuite attendre la présence gauloise, à la toute fin du 1er millénaire avant notre ère, pour voir se développer une activité liée à l’artisanat du sel…

 

Les îles se sont toujours inscrites dans un réseau de communication avec le continent, et ceci dès le Mésolithique, ce qui ne cessera d’être leur vocation par la suite…

 

L’auteur, Jean-Marc Large, est archéologue, chercheur associé à l’Université de Rennes 1., Responsable d’opération archéologique depuis 40 ans. Il a particulièrement étudié les conditions de vie des premiers paysans du Néolithique grâce à des fouilles programmées réalisées dans l’ouest de la France, en Vendée et en Bretagne. Arrivé à Hoedic en 2001, il a parcouru les deux îles à la recherche des traces de la Préhistoire récente et a fouillé notamment les files de pierres dressées du Douet et de Groah Denn, toutes deux à Hoedic.


15 mars 2020

Exploitation des poissons à Eynan/Ain Mallaha
(Vallée du Jourdain, Israël) au Natoufien final
(fin du Pléistocène)

Par Aurélia Borvon

Après une présentation générale de ce qu’est l’archéo-ichtyologie, la communication visera à exposer les données issues de ce type d’étude sur un site de la fin du Pléistocène situé en Israël, celui d’Ain Mallaha/Eynan (fouilles F. Valla et H. Khalaily).

Ce site est un site natoufien majeur, situé dans la haute vallée du Jourdain, près du lac Hula. Le niveau le plus récent, du Natufien final, a livré une quantité exceptionnelle de restes de poissons (plusieurs milliers). L’importance du poisson dans la subsistance des sociétés du Pléistocène supérieur est une question cruciale qui a été soulevée pendant plusieurs décennies mais qui a longtemps manqué d’études détaillées. La présence de ces milliers de restes ichthyologiques permet donc ici d’examiner cette question.

Les poissons, tous d’eau douce, appartiennent à deux familles essentiellement, les cichlidés et les cyprinidés. La présence discrète d’une troisième famille, celle des salmonidés, est également à signaler.

L’étude de ces vestiges très abondants vise, grâce à différents aspects qui seront détaillés (identification des espèces, nombre d’individus et estimation des tailles, etc.), à reconstituer l’ichtyofaune du paléo-lac Hula, l’exploitation et la consommation des différentes espèces de poissons et leur contribution à la subsistance natoufienne.


9 février 2020


19 janvier 2020

« LES IMAGES RUPESTRES DU MAROC »

Monsieur Alain Rodrigue*

Les prospections d’Alain Rodrigue au Maroc pendant plus de vingt ans lui ont permis la découverte de nombreuses stations préhistoriques. Il est l’auteur de nombreux articles et de plusieurs livres qui font référence.

Au Maroc l’art rupestre préhistorique, dit aussi art pariétal, existe dans deux milieux fort différents : le grand sud, au-delà de l’Anti-Atlas, en zone désertique, et le Haut-Atlas, sur des pâturages jusqu’à 2500 mètres d’altitude. Cette situation, unique au Maghreb, se traduit par des thèmes très variés, principalement gravés (quelques rares peintures), illustrant d’une part l’influence des derniers bouviers sahariens, fuyant la désertification et d’autre part l’adoption de la métallurgie importée d’Europe puis individualisée dans des productions autochtones. Il s’en suit, pour l’observateur non spécialisé, comme pour le préhistorien de l’art averti, la lecture d’un inventaire rupestre d’une très grande richesse et d’une originale diversité.


(ph. Alain Rodrigue)

*diplômé de l’École des Hautes études en sciences sociales et docteur en préhistoire.