Séances 2021

19 décembre 2021

 

ARCHITECTURES ET PRATIQUES FUNERAIRES
DE L’AGE DU BRONZE EN BRETAGNE

Quelles nouvelles du monde des morts ?

par Stéphane BLANCHET

 

Stéphane BLANCHET, Ingénieur, chargé de recherche/responsable d’opération à l’INRAP Grand-Ouest/UMR 6566 CReeAH, Rennes.

Nécropole de la rue du Plateau en cours d’étude (cliché : S. Blanchet, Inrap)

Tombe ayant conservé sa dalle de couverture et tombe en coffre attenante (cliché : S. Blanchet, Inrap)

 

En Bretagne, l’âge du Bronze s’est longtemps singularisé par ses dépôts d’objets métalliques et ses innombrables vestiges funéraires qui ont notamment permis de définir la célèbre « Culture des tumulus armoricains ». Dès le XIXe s. et pendant des décennies, des centaines de tumulus et de tombes en coffre sont ainsi fouillés et documentés par les érudits locaux et les archéologues. A l’instar de ce qui s’est produit pour les monuments mégalithiques du Néolithique, cela va durablement impacter notre tradition de recherches.

Vase funéraire déposé dans un coffre et probablement utilisé comme contenant du corps d’un immature (cliché : S. Blanchet, Inrap)

 

Depuis une vingtaine d’années, le renouvellement de nos connaissances sur l’âge du Bronze a surtout été facilité par l’essor de l’archéologie préventive. Sans conteste, les avancées les plus importantes portent sur l’habitat et plus globalement sur l’occupation du sol qui jusqu’à présent restaient les parents pauvres de la période. Cependant la sphère funéraire n’a pas été délaissée pour autant. S’il est bien établi que la grande majorité des tumulus et des tombes en coffre sont attribués au Bronze ancien (entre 2300 et 1600 avant notre ère), nous ne connaissions presque rien des architectures et des pratiques funéraires du Bronze moyen et du Bronze final. Les fouilles préventives et les approches extensives sont venues combler cette lacune chronologique et transfigurer nos connaissances en mettant notamment en évidence des vestiges funéraires jusqu’ici mal connus : les sépultures à incinérations et les enclos à fossé circulaire.

Deux tombes en cours d’étude. Dans celle de gauche, nous distinguons les membres inférieurs d’un individu adulte inhumé en position fœtale (cliché : S. Blanchet, Inrap)

 

Ces données nouvelles permettent aujourd’hui de présenter un tableau beaucoup plus complet de l’évolution des vestiges et des pratiques funéraires de l’âge du Bronze armoricain. Les progrès réalisés au niveau des datations 14C offrent quant à eux un séquençage bien plus précis des différents épisodes. Diverses pistes de réflexion ont également émergé de ces découvertes. Ainsi, en regard des tumulus armoricains dont on peut supposer que certains témoignent – par leur monumentalité ou la richesse des viatiques associés – d’une stratification de la société, les changements funéraires que l’on observe à partir du Bronze moyen nous conduisent à nous demander s’ils traduisent des mutations du système spirituel, du système social ou économique. Dans ce cadre, le regard croisé avec les habitats ou encore les productions matérielles est également intéressant. Il permet effectivement de repenser l’âge du Bronze armoricain dans une perspective plus globale et offre une bien meilleure perception des différentes dynamiques culturelles et des différents changements qui ont touché la région entre le milieu du IIIe millénaire et le début du Ier millénaire avant notre ère.

Tombe en coffre de pierre (cliché : S. Blanchet, Inrap)

 


14 novembre 2021

Trente années de moissons archéologiques dans les ciels d’Armorique

 

Gilles Leroux, archéologue à l’Inrap, est aussi un prospecteur aérien bénévole. C’est accompagné de Maurice Gautier, photographe, et leur pilote, Philippe Guigon, qu’il nous présentera, lors de cette conférence, le bilan de leurs recherches.

 

Depuis plus de trente années, des archéologues volants ont patiemment scruté les terroirs du Massif armoricain, à la recherche d’anomalies dans la croissance des végétaux. Les deux photographes Maurice Gautier et Gilles Leroux, ainsi que leur pilote Philippe Guigon, livrent, en publiant Les moissons du ciel aux Presses universitaires de Rennes, quelques-unes de leurs plus remarquables découvertes, choisies parmi une fructueuse moisson de plusieurs milliers de sites inédits.

Photo de La-Butte-aux-Pierres à Saint-Joachim(44) G-LEROUX

 

Les recherches aériennes entreprises depuis 1985 dans l’Ouest de la France (les actuelles régions Bretagne et Pays de la Loire), au sein de programmes de prospection-inventaire, ont renouvelé les connaissances sur le peuplement de ces contrées occidentales longtemps considérées comme « des déserts archéologiques ». L’élaboration progressive de méthodes adaptées aux systèmes de cultures, privilégiant les survols estivaux, ont permis la constitution d’importants fonds photographiques sur l’occupation ancienne du sol. L’analyse des données géographiques montre l’influence particulière de certains paysages remembrés, de la dynamique agricole et des conditions géo-pédologiques sur l’acquisition des résultats. Les découvertes les plus significatives concernent la fin de la Protohistoire et la période gallo-romaine, pour lesquelles l’enclos constitue un mode d’occupation généralisée des terroirs. Mais des révélations aériennes attribuables à d’autres périodes viennent aussi bonifier largement ces travaux aériens. Défilent ainsi les maisons longues des premiers agriculteurs, dont on ne connaissait il y a peu pratiquement que les seuls ensembles mégalithiques, les habitats et enclos funéraires des hommes de l’âge du Bronze, et surtout, très fréquemment, les innombrables fermes, chemins et champs des Gaulois. L’empreinte de Rome est bien marquée, souvent dans la continuité des occupations antérieures avec ses villae, lieux de cultes, villes et bien entendu le réseau routier. Si les sites du haut Moyen-Âge se laissent difficilement apercevoir, ceux du Moyen Âge central, sites religieux mais surtout castraux, sont bien représentés. Enfin, la naissance du bocage, puis l’émergence d’une agriculture industrielle, aboutissent aux patchworks des paysages actuels.

 

Les auteurs se proposent, au cours d’une conférence richement illustrée, de montrer que les découvertes réalisées dans le département de Loire-Atlantique ne se singularisent pas particulièrement du reste du massif armoricain. Toutefois pour des raisons tenant à la nature des sols ou aux aménagements des paysages modernes (remembrements et drainages conjointement réalisés à très grande échelle), les secteurs où les découvertes sont les plus nombreuses se réduisent aux pays guérandais et de Retz ainsi qu’à la frange septentrionale du département.

Sévérac(44) La Doue


stand de la SNP
Journées du Patrimoine
les 18 et 19 septembre 2021

L’abbé Breuil une certaine représentation de la préhistoire

« L’abbé Henri Breuil (1877-1961).

Celui qui se surnommait non sans humour le Pape de la Préhistoire fait partie de la deuxième génération de préhistoriens français, qui a fait de la jeune ethnologie préhistorique une science à part entière. Très populaire, professeur à l’Institut de paléontologie humaine dès 1910, il accédera à la consécration lors de son élection au Collège de France, en 1929. Une large part de son œuvre scientifique considérable est consacrée à l’art des cavernes. L’abbé Breuil a étudié la plupart des sites connus à l’époque, qu’il se vantait de connaître comme sa propre chambre. Durant 60 ans, entre 1898 et 1958, il les parcourut inlassablement, amassant une masse documentaire impressionnante, qu’il résumera en 1952 dans son ouvrage Quatre cents siècles d’art pariétal*»

 

L’abbé Breuil a notamment réalisé les premiers relevés de l’art rupestre dans les grottes d’Altamira et de Fond-de-Gaume. Son travail, à la rencontre de la science et de l’art, est marqué par sa rigueur scientifique, mais, n’ayant pu échapper aux canons de l’art de ce début du vingtième siècle, ses relevés, qui souffrent d’une certaine interprétation marqueront la représentation de l’art préhistorique, tant chez le grand public, que dans la communauté scientifique.

Nous pourrons discuter de cette question, lors des journées du patrimoine, à notre stand où nous exposerons des reproductions de ces relevés récemment acquises grâce à un don fait à notre Association, la Société Nantaise de Préhistoire.

Loup – Font-de-Gaume – Relevé Breuil. Domaine public 1915.

 

*Romain PIGEAUD, 30 novembre 1999, POUR LA SCIENCE N° 349 novembre 2006.

Romain Pigeaud est docteur en Préhistoire, spécialiste de l’art paléolithique, rattaché au Département de Préhistoire du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.) et associé à l’UMR 6566 du CNRS (Rennes).

 


le 17 Octobre 2021

Préhistoire de l’archipel Houat-Hoedic :

un terrain d’investigation privilégié

Jean-Marc Large

 

L’auteur, Jean-Marc Large, est archéologue, chercheur associé à l’Université de Rennes1., Responsable d’opération archéologique depuis 40 ans. Il a particulièrement étudié les conditions de vie des premiers paysans du Néolithique grâce à des fouilles programmées réalisées dans l’ouest de la France, en Vendée et en Bretagne. Arrivé à Hoedic en 2001, il a parcouru les deux îles à la recherche des traces de la Préhistoire récente et a fouillé notamment les files de pierres dressées du Douet et de Groah Denn, toutes deux à Hoedic.

 

Houat et Hoedic sont deux perles de l’Atlantique nord. Au-delà de cette caractéristique très axée actuellement sur le tourisme, elles offrent au regard une histoire extrêmement riche et surtout très ancienne. Dès les années 1920, les premiers archéologues ont fait connaître un fragment de ce profond passé, ce qui a tout de suite eu un retentissement international. Le point d’orgue de ces découvertes a été la mise en évidence d’un cimetière mésolithique, époque des derniers chasseurs-cueilleurs de la fin du 6è millénaire avant notre ère, avant que les premières sociétés agrico-pastorales n’y laissent aussi leurs traces. En ce début du XXè siècle, la science archéologique n’avait pas encore atteint le degré de technicité qu’elle a aujourd’hui. Mais, déjà, les époux Péquart qui ont entrepris de lever le voile de ce passé ancien, développaient, pour l’époque, des méthodes de travail très novatrices. Les résultats ont alors été à la hauteur de leur espoir. Ce cimetière des derniers chasseurs-cueilleurs a livré les restes particulièrement bien conservés de 12 individus déposés dans 9 tombes avec leur dépôts funéraires d’accompagnement.

 

Ces îles, véritables conservatoires archéologiques, ont connu aussi d’autres occupations par la suite. Les premiers agriculteurs se sont installés il y a 6500 ans et ont laissé de nombreux monuments mégalithiques dont certains ont été étudiés très récemment. Dolmens et menhirs parsèment les deux îles et certains îlots. L’étude de deux files de pierres dressées à Hoedic, le Douet et Groah Denn, a livré les plus anciennes dates de mises en place de blocs érigés verticalement. Dans la première moitié du 5è millénaire avant notre ère, à l’emplacement de certaines des activités des derniers chasseurs-cueilleurs, les premiers Néolithiques ont mis en scène un territoire insulaire qui n’avait pas alors la même configuration que maintenant. La remontée progressive du niveau de la mer n’avait pas encore atteint celui que l’on connait actuellement, les deux îles étaient jointes par une grande dépression émergée lors des basses marées. De ce début du 5è millénaire, on ne connait que des architectures symboliques, pas d’habitats. Les files de pierres dressées ponctuaient un paysage qui devait avoir alors un véritable sens : rochers, couloirs d’érosion marine, étangs rétro-littoraux représentaient des particularités intégrées dans leurs mythes. Il en est de même pour les astres et le soleil en particulier, puisque la file du Douet est alignée sur le lever du soleil au solstice d’été. Les files de pierres levées étaient des monuments très dynamiques, évoluant au fil du temps et présentant des dépôts cultuels à la base de certains blocs. Plus tard, au tournant du milieu du 5è millénaire, les dolmens verront leur apparition sur l’île. Ils ne sont pas spectaculaires et souvent ruinés, mais ils indiquent la forte occupation de ces îles pour célébrer le culte des morts et marquer le paysage.

Hoedic-Douet-2007-NM : La file de pierres dressées du Douet à Hoedic, fouillée entre 2004 et 2008, a livré d’importants indices sur l’origine du phénomène mégalithique dans la région de Carnac
(cliché Nick Mather, Musée de Carnac).

 

Ce n’est qu’à la fin du 4è millénaire que les peuples néolithiques changeront de stratégie : de symbolique, les aménagements deviendront fonctionnels tout en gardant une petite part de symbole. La maîtrise du couloir de circulation du Mor Bras, la volonté de diversifier leur matière première (silex) et la quête de nouvelles ressources culinaires seront les moteurs de ces occupations. Avec l’apparition de la métallurgie, les traces de l’occupation sur ces îles sont plus diffuses mais présentent tout de même un grand intérêt à la fois sur le plan fonctionnel comme sur le plan symbolique. Il faudra ensuite attendre la présence gauloise, à la toute fin du 1er millénaire avant notre ère, pour voir se développer une activité liée à l’artisanat du sel…

 

Les îles se sont toujours inscrites dans un réseau de communication avec le continent, et ceci dès le Mésolithique, ce qui ne cessera d’être leur vocation par la suite…

Hoedic-Port Louit-2003-Aérienne-PB : Le dolmen de Port Louit situé sur la côté ouest d’Hoedic est caractéristique de ces petites chambres funéraires mégalithiques qui parsèment la région du pourtour de la Baie de Quiberon (cliché Pierre Buttin, Melvan).

 


Assemblée Générale
le 6 juin 2021

 

Nous l’attendions avec impatience : avec l’annonce de la réouverture des Musées, nous allons pouvoir reprendre nos activités. Nous vous donnons rendez-vous, donc, le 6 juin, pour notre A.G. qui se tiendra, comme à l’accoutumée, dans l’amphithéâtre du Musée d’Histoire Naturelle, 12 rue Voltaire, à Nantes (44000) dès 9h30, et dans le respect des consignes sanitaires.

En cas d’impossibilité, pour vous, d’y assister, vous pouvez retourner le pouvoir ci-dessous dans les meilleurs délais.

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Pouvoir : A.G. S.N.P. du 6 juin 2021

 

Je soussigné(e)

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Donne pouvoir à Mr, Mme

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pour me représenter et prendre part aux votes* de

l’Assemblée Générale ordinaire du 6 Juin 2021

 

*Dont renouvellement du 1/3 sortant du Conseil de Direction

 

Fait à………………………….le………………………….

Signature « Bon pour pouvoir »