Séances 2019

 

15 décembre 2019

conférence décentralisée, à Monteneuf (56)
A partir de 10h

LES MENHIRS DE MONTENEUF :
LA RECHERCHE CONTINUE

CLAIRE TARDIEU

Les files de pierres dressées inscrites aux monuments historiques depuis 1997 se situent sur la commune de Monteneuf (nord-est du département du Morbihan). Aujourd’hui ce site mégalithique est à la fois valorisé par un sentier de découverte et par de la médiation pédagogique proposée tout au long de l’année. La gestion d’un tel site archéologique au sein même d’une réserve naturelle amène à une gestion conjointe de ce patrimoine original.

Sur le site plusieurs opérations archéologiques ont eu lieu depuis une trentaine d’années mettant à jour des aspects différents et complémentaires de son histoire du site. La plus récente consiste en des prospections menées entre 2011 et 2018 sur 11 hectares. A l’issue des fouilles, il était connu 90 menhirs et quelques centaines étaient estimés. Aujourd’hui, ce chiffre s’accroit puisque le site se compose désormais d’un minimum de 504 monolithes cartographiés dispersés sur plus de 15 hectares. Ces nouvelles données modifient donc profondément l’image du site.

Après la visite de la partie fouillée du site, vous découvrirez les monolithes mis à jour ces dernières années, leur organisation architecturale et les modes de gestion et de préservation de ce site dans un état de conservation rare. Enfin, nous terminerons avec la visite de l’espace de reconstitution dédié à la valorisation de ces recherches.

 

17 Novembre 2019

Les systèmes techniques des chasseurs-cueilleurs maritimes :
une première approche tracéologique à travers
les collections lithiques de Téviec et Beg-er-Vil.

Jorge Calvo Gómez
Doctorant en archéologie, UMR de Rennes

 

Tout le long de la façade atlantique européenne, les groupes de chasseurs-cueilleurs maritimes de l’Holocène ont été à l’origine de plusieurs entités. En Bretagne, le Téviecien est connu à travers différents sites fouillés, avec plusieurs traits communs : leurs chronologies, leurs industries lithiques, les traces de prédation maritime ou encore les types d’habitats. Ces sites sont souvent composés de couches archéologiques constituées notamment des déchets anthropiques d’origine marine, ou amas coquilliers, et ne laissent que peu de doutes quant au caractère maritime de ces groupes humains.

Cependant, à cause de la dégradation des vestiges archéologiques en matières organiques, les systèmes techniques liés aux activités maritimes et à cet environnement côtier ne sont pas toujours bien connus. Néanmoins, les données ethnographiques montrent comment les sociétés humaines installées dans les milieux côtiers ont développé des systèmes techniques propres à cet environnement.

Née durant les années 50 en Russie, la tracéologie est l’étude des altérations des objets archéologiques, quelles que soient leur origine (technologique, fonctionnel ou taphonomique), afin de créer une « biographie » de l’outil et de la replacer dans une chaîne opératoire précise. Ainsi, dans notre recherche doctorale, nous avons étudié la formation des traces sur les outils des sites de Téviec (Saint-Pierre-de-Quiberon, Morbihan) et de Beg-er-Vil (Quiberon, Morbihan), pour tenter de comprendre si une signature fonctionnelle spéficique aux outillages des chasseurs-cueilleurs maritimes pouvait exister.

Par exemple, dans le site de Téviec, le travail des matières végétales, qui semble être caractéristique de certains outillages mésolithiques, pourrait avoir une signification technique différente dans ces contextes maritimes. Ou encore, à  Beg-er-Vil, les traces d’impact sur les flèches tranchantes auraient une signature fonctionnelle, potentiellement distincte des contextes continentaux. Bien que notre travail ne soit pas encore achevé, ces résultats préliminaires nous permettent déjà de discuter autour des techniques des chasseurs-cueilleurs maritimes.

 


Sépulture de Teviec et fouille de Beg-er-Vil


27 Octobre 2019

Monumentalismes et territoires au Néolithique entre Loire et Pyrénées :
premiers résultats des recherches en cours

V. Ard
(chargé de recherche au CNRS, UMR 5608 Traces,
Université Toulouse Jean Jaurès)

 

Dans de le cadre d’un programme de l’Agence Nationale de la recherche et de plusieurs projets collectifs de recherche, de nouvelles recherches sont actuellement menées sur les sites monumentaux néolithiques du monde des morts (mégalithes) et du monde des vivants (enceintes fossoyées) entre Loire et Pyrénées. L’ambition de ce projet est de documenter et d’analyser la diversité des architectures, les intentions des bâtisseurs et les dynamiques de construction des paysages au Néolithique par une approche multi-échelle, allant du site au territoire. Pour répondre à ces questionnements, le projet regroupe une cinquantaine de participants – chercheurs, étudiants, bénévoles et médiateurs du patrimoine –. Les outils les plus récents sont mis en œuvre, tels que la prospection géophysique, le survol en drone équipé du LIDAR ou encore la photogrammétrie 3D.

Au cours de cette communication, nous présenterons les premiers résultats majeurs de ce projet, en particulier ceux de la fouille en cours de l’enceinte du Peu à Charmé (Charente), daté du milieu du 5e millénaire, qui a livré les traces de quatre bâtiments sur poteau à l’intérieur de l’espace enclos. De nouvelles données sur les dolmens de type angoumoisin et les premiers résultats de la fouille de la sépulture à entrée latérale de Chantebrault IV à Saint-Laon (Vienne) seront également exposés.

 » Restitution 3D du village néolithique de Charmé en
Charente, fouillé depuis 2014 (Archeovision Production) »


26 Mai 2019

SEANCE DES ADHERENTS

 

Bénédicte BOUCHÉ nous présentera :
« les ateliers de préhistoire pour les enfants »

 

La Région Bretagne compte 504 ensembles de monuments mégalithiques protégés « Monuments Historiques », sur un total national de 1323 monuments. En outre, une démarche d’inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO des « Mégalithes de Carnac, du golfe du Morbihan et de la baie de Quiberon » est en cours.

C’est le jeune public d’aujourd’hui qui devra, demain, s’occuper de ce patrimoine. Il y a donc parmi nos enfants, ou petits-enfants, des archéologues, conservateurs ou guides en puissance. Aussi est-il important de tous les sensibiliser aux témoignages des sociétés anciennes qui ont vécu sur notre territoire, de leur faire visiter les Musées, mais également de leur montrer les monuments que celles-ci ont érigés, et, ce faisant, de les éduquer à la nécessité de préserver ce précieux patrimoine.

Les visites et ateliers de Préhistoire destinés aux scolaires contribuent à cette sensibilisation. Mais quelle est leur ampleur ? Qui les réalise ? Quelles sont les motivations des organisateurs ? Quelles possibilités s’offrent aux enseignants qui s’engagent dans ce projet ? A quelles contraintes devront-ils faire face lors de l’organisation des visites scolaires ?

C’est le thème de mon stage de Master 2 « Quaternaire et Préhistoire », en cours jusqu’en août 2019, sur le site de Saint-Just, en Ille-et-Vilaine. J’en présenterai des résultats intermédiaires.

 

Claude LEFEBVRE nous présentera :
« La navigation – Quelles origines ? »

 

Nous commençons à comprendre les processus de la conquête de la planète par l’Homme.

En effet, à partir de l’hypothèse, toujours d’actualité, d’une origine africaine des premiers hommes, les chercheurs : archéologues, ethnologues, spécialistes de l’évolution, de la génétique, des langues…, se sont efforcés de retrouver les traces des cheminements effectués par ces hommes anciens dans leur conquête de la planète.

Plusieurs de ces cheminements posent l’énigme du franchissement des zones inondées et des zones maritimes. Aussi peut-on se poser deux questions :

-Qui a, le premier, imaginé l’utilisation d’un flotteur pour se déplacer ?

– Qui a, le premier, imaginé l’utilisation d’un système de propulsion : une rame, une voile, une hélice… ?

Le fait que l’évolution des bateaux, navires, engins flottants, quels qu’ils soient ait été relativement limitée quant à leurs conceptions, explique qu’au XXIe siècle on se déplace ou on se distrait encore avec des engins imaginés il y a des millénaires, comme nous le faisons aujourd’hui sur nos étangs avec une barque et une perche ou lors de compétitions nautiques avec des canoés ou des kayaks.

Les traces de navires les plus anciennes sont des représentations, gravées, dessinées ou peintes sur des roches, des vases, réalisées en mosaïques, et parfois même, les archéologues mettent aussi au jour des petits bateaux en bois ou en argile.

Pour les navires plus récents on dispose également de témoignages livrés par les enluminures des livres anciens et certaines tapisseries encore bien conservées.

Dans cette optique il est troublant de constater, à plusieurs millénaires d’intervalle, la permanence des solutions adoptées dans la conception et dans l’utilisation des bateaux.

On pourrait penser que les premières « embarcations » devaient être des pirogues monoxyles. Ce n’est pas si évident, la pirogue ne pouvant être que l’aboutissement d’un long processus de réflexion et d’expérimentations.

La navigation, c’est maîtriser le parcours du bateau à la surface de l’eau. L’homme, qui voulait tirer profit des possibilités qu’offre la navigation, devait donc d’abord résoudre trois problèmes majeurs : assurer la flottaison d’une embarcation stable, sa propulsion, et les moyens de la diriger.

Nous tenterons par cette présentation d’illustrer cette part de notre histoire et de notre patrimoine.

 

Antoine ROUHAN
nous parlera de la photogrammétrie.

14 Avril 2019

APPORT DE LA RESTAURATION A LA CONNAISSANCE
DU MOBILIER ARCHEOLOGIQUE METALLIQUE

Par STEPHANE LEMOINE,
Département de Loire-Atlantique, Restaurateur-Conservateur
métaux Arc’Antique-GPLA-Direction de la Citoyenneté.

 Si les antiques objets « en-bronze » suscitent l’intérêt des archéologues depuis le début du XIXe s. – période de naissance de l’archéologie – il en est tout autrement pour un métal abondant, complexe tant pour son obtention que pour sa mise en forme : le fer. L’exposé s’attachera à illustrer les apports de la restauration des objets réalisés non seulement dans ce métal, mais aussi en d’autres alliages (y compris la numismatique) pour ces périodes de « proto-métallurgie ».

ci-dessus : Fibule Avant

ci-dessous : Fibule Après

 

17 Mars 2019

La grotte de La Roche-Cotard (Langeais, Indre-et-Loire)
Deux responsables ?
Quatre coupables ?

 

Par Jean-Claude Marquet, Préhistorien, ancien Conservateur du Musée Départemental de Préhistoire du Grand-Pressigny et responsable du Projet Collectif de Recherches de La Grotte Cottard, à Langeais, en Indre-et-Loire.

 

Le site de La Roche-Cotard s’ouvre à mi-hauteur du versant, en rive droite de la vallée de la Loire. Exposé au sud, il se compose d’une grotte (découverte par François d’Achon en 1912), d’une station ouverte en pied de paroi, d’un petit abri très bas et d’une petite grotte-abri dont le remplissage participe à une grande coupe de 10 mètres de hauteur.

 

 

Dans ces quatre locus, les restes fauniques et lithiques sont bien conservés mais il est dommageable, pour la connaissance du site, que les silex taillés découverts dans la grotte principale aient disparu. Les os découverts sont très nombreux, ils appartiennent à un grand nombre d’espèces différentes depuis le grand lion des cavernes jusqu’au lemming à collier. Pas un seul silex taillé n’a été produit par Homo sapiens, toute l’industrie lithique est à attribuer à l’Homme de Neandertal qui est, très probablement, le seul à avoir habité la grotte avant sa découverte. La légère incertitude qui subsiste devrait prochainement être levée grâce à la datation du moment où la grotte a été fermée naturellement et est devenue inaccessible.

 

 

Cette légère incertitude qui va encore durer quelques semaines ou quelques mois est ennuyeuse car les parois de la grotte d’Achon montrent des traces dues à certaines espèces cavernicoles qui ont habité la cavité (principalement l’ours des cavernes), mais surtout des traces dues à l’homme qui a fréquenté cet espace. La Roche-Cotard est donc la seconde grotte ornée connue de la région Centre après la grotte Blanchard qui se trouve dans le site de La Garenne à Saint-Marcel dans l’Indre. Si mon hypothèse basée sur la stratigraphie du site et les premières datations OSL est bonne (cette hypothèse est validée par J.-J. Macaire, spécialiste du Quaternaire de la région Centre), La Roche-Cotard serait donc la seule grotte ornée française possédant des tracés à caractère symbolique dus à l’Homme de Neandertal.

 

 

Le site est menacé depuis sa découverte alors que, du fait qu’il se trouve dans une propriété privée clôturée de murs, il n’a que très rarement été visité et n’a donc pas subi de dégradation par les visiteurs. Il n’y a qu’un seul graffiti moderne sur les parois qui sont d’une très grande fragilité. Ce sont surtout les conditions climatiques externes qui jouent un rôle dégradant que l’on va devoir ralentir si on ne peut le faire cesser complètement.

La grotte est de très petites dimensions, elle ne pourra jamais être visitée; il conviendra donc de prévoir, pour le grand public, un espace, quelque part, pour y présenter ces premières œuvres de toute l’histoire de l’humanité en Europe occidentale. Une vitrine et une maquette sont consacrées au site, au musée du Grand-Pressigny. Le « masque » de La Roche-Cotard est actuellement présenté au Musée de l’Homme à Paris dans le cadre d’une exposition consacrée à  Neandertal.

Le site a été récemment inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et sera prochainement soumis à la demande de classement.

En savoir +

Dimanche 17 Février 2019

ASSEMBLEE GENERALE

 

Dimanche 13 Janvier 2019

Conférence sur

« Le Néolithique dans le secteur de St Lyphard »
par Anthony Denaire, préhistorien.

 

Nichée entre, à l’Ouest, les marais de Mézérac, de Pompas et d’Arbourg, qui communiquent avec l’Atlantique, et, à l’Est, la Grande Brière Mottière dont elle marque la bordure occidentale, la commune de Saint-Lyphard occupe une position stratégique en constituant l’un des deux accès terrestres à la Presqu’île guérandaise.

Son territoire est encore parsemé de nombreux monuments mégalithiques qui témoignent d’une fréquentation et d’une occupation dense tout au long du Néolithique, période qui court de la fin du 6e millénaire au début du 2e millénaire avant notre ère. C’est au Néolithique que les techniques de la domestication des plantes et des animaux sont introduites dans notre région et que, plus tard, se développe le mégalithisme.

Le dolmen de Kerbourg est indéniablement le monument le plus connu de la commune et un des plus photographiés de Loire-Atlantique. Fouillé à la fin du 19e s. par le révérend anglais Lukis, nous connaissons finalement peu de choses de ce dolmen dont le rare mobilier archéologique qui y a été recueilli est aujourd’hui conservé dans les réserves du British Museum.
La célébrité de ce monument ne doit pas masquer une réalité moins avouable, celle de l’abandon presque total de ce patrimoine depuis les années 1990. Sans le travail de l’association Archives et Histoire, dans lequel cette étude s’enracine, bon nombre de monuments ne seraient tout simplement plus visibles dans le paysage et sombreraient encore plus vite dans l’oubli.

Cette communication se propose de présenter ce patrimoine en péril et de le replacer dans un cadre plus général, celui du Néolithique de l’ouest de la France.