« La figuration humaine dans l’art paléolithique : des corps faits de regards »

Oscar Fuentes, Docteur en préhistoire université Paris/Panthéon Sorbonne, adjoint scientifique au Centre National de Préhistoire, chercheur associé à l’UMR 8069 TEMPS, spécialiste de l’art paléolithique européen. Il nous fera une conférence sur:

« La figuration humaine dans l’art paléolithique »

   Les recherches portant sur l’art Paléolithique (35.000 ans et 12.000 ans avant le présent) en Europe occidentale, portent souvent sur la compréhension des formes, des styles au moyen d’une démarche archéologique (contexte archéologique, datations, etc.) mais aussi à travers des concepts provenant de l’histoire de l’art, de la sociologie, de l’anthropologie. Il est clair que pour avancer dans la compréhension d’un patrimoine si émouvant qu’est l’art paléolithique, il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble de ces contextes (de la figure à l’empirise paysagère du site). Mais « l’image » est aussi une donnée fuyante, tout à la fois l’expression des imaginaires et un “médium” rendant visible des façons de voir le monde.  Elles sont une « illusion », l’expression de normes culturelles et des mythes qui unissent les membres d’un groupe. Elles participant ainsi aux mécanismes d’identité et d’altérité, mais sont aussi un moyen de transgresser et de rompre les codes sociaux.

   Comment dans cette perspective, aborder les images préhistoriques ?  Dans cette démarche, la figuration du corps humain a très vite attiré notre attention.

   L’étude des représentations humaines dans l’art Paléolithique en Europe occidentale a conduit à diverses interprétations et à dresser une pluralité de lectures permettant de rendre compte des sociétés humaines. Miroir déformant de soi, ces « images » sont autant l’illusion de la présence / absence d’eux-mêmes, que le réceptacle de nos propres préoccupations.

   Présente dès l’Aurignacien, cette iconographie a traversé les millénaires et connu divers traitements présentant une grande variabilité formelle, renvoyant probablement à un lien particulier entre les individus, le corps et sa représentation. Malgré sa faiblesse numérique au regard du bestiaire représenté, ces images présentent une pluralité de possibilité iconographiques faites de métamorphoses, de continuités et de discontinuités. Elles montrent donc une grande perméabilité des formes qui permettent d’entrevoir des caractères mouvants des conceptions de soi, des autres et de rendre compte des rapports humains avec l’environnement, ouvrant vers une écologie des relations. Comme nous le verrons, elles vont au-delà de l’humain.