Séances 2022

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Le 16 janvier 2022, Cyrille Chaigneau, Adjoint du Patrimoine-Médiateur scientifique, Musée de Préhistoire James Miln-Zacharie Le Rouzic, Carnac, nous a présenté :

« Carnac, récit pour un imagier »

Cyrille CHAIGNEAU

A l’occasion de la parution de l’ouvrage collectif, « Carnac, récit pour un imagier », je vous propose, sous forme de miscellanées, un petit survol de l’actualité de la recherche sur les architectures monumentales du Morbihan sud et de la baie de Quiberon.

  Rendre compte de faits extraordinaires est l’objectif principal de ce livre d’images, de cet atlas. Des faits arrêtés, assez précis, que l’on saisit et que l’on dessine, d’autres en mouvement, plus insaisissables, moins discernables, s’assemblent pour constituer un phénomène.

  Voici des images qui apparaissent indubitablement, se manifestent à nos sens et à notre conscience, dans l’ordre physique autant que psychique, des images devenues l’objet d’un savoir.

 Nous aimerions rendre compte d’un phénomène survenu il y a 6500 ans, dont les composantes architectonique et symbolique ne sont pas les moindres.

 Afin de bien se représenter cette manifestation, ce déploiement, cette singularité́ de la région carnacoise et des rives du « Mor Bihan », nous en donnerons la mesure, autant que possible. Des dimensions, des quantités, bref des numérations rendront mieux compte des différents termes.

  Qu’il s’agisse d’ouvrages, de stèles et de tombes monumentales, des figurations gravées sur leurs surfaces, enfin, des objets précieux déposés, enfouis ou immergés dans ces lieux uniques, il faut connaître leur place et leur rang afin de bien les comparer.

 L’information est souvent disponible, mais dispersée dans des revues scientifiques et des ouvrages monographiques. Aussi devons-nous en extraire les résultats les plus remarquables, tandis que d’autres données inédites seront divulguées pour aider à contextualiser certains de ces vestiges, comme isolés dans une confuse multitude. Car on ne se trompe pas, il faut finalement rendre compte d’une démesure…

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Résumé conférence du 20 mars 2022:

« LES PEUPLEMENTS NÉANDERTALIENS DE VENDÉE,

Apport de la collection Blondiaux« 

Solène BOURDIN-LAUNAY,

Docteur en archéologie de l’Université de Rennes 1

Le Paléolithique de Vendée reste mal connu car il a été peu étudié. Cette région fournit cependant de nombreux témoignages d’implantations paléolithiques, essentiellement connus par des objets ramassés par des collectionneurs amateurs. Les découvertes les plus anciennes sont fréquemment mal localisées, et parfois mélangées ou éparpillées entre différents lieux de dépôts. Ces objets témoignent cependant de la présence des hommes de la préhistoire sur ce territoire qui marque la limite sud du Massif armoricain, où les roches siliceuses sont inégalement réparties.

Les séries archéologiques confiées en 2006 au musée L’Historial de la Vendée, constituent une importante collection issue de plusieurs décennies de prospections de la part de son donateur, Laurent Blondiaux. L’assemblage se compose de plus de 26 000 pièces lithiques, essentiellement recueillies à la faveur des labours. Les séries archéologiques regroupent essentiellement des pièces du Paléolithique, mais aussi du Mésolithique et du Néolithique.

La collection est composée de séries archéologiques provenant de toute la Vendée, ce qui représente près d’une trentaine de sites, dont 15 paléolithiques, dans 19 communes.

L’analyse de l’industrie des Noues Malatiers, à Sainte-Hermine, représente une avancée d’importance pour la connaissance du patrimoine archéologique paléolithique de Vendée. On dispose désormais d’une série complète et fiable, qui constitue une première référence d’une vaste implantation de plein air.

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Outils des Noues Malatiers

Les industries collectées dans les secteurs du Bernard et des Epesses, bien que moins importantes numériquement, fournissent également des données fiables et intéressantes pour établir des comparaisons.

Ces différentes industries montrent que les hommes ont su composer avec leur environnement : en s’adaptant, aussi bien à la rigueur du climat du Pléistocène récent, qu’à la disponibilité variable des roches siliceuses en Vendée. Le croisement des indices de site et des cartes géologiques et topographiques met en évidence que les implantations ont été particulièrement denses au niveau des formations mésozoïques (Calcaires du Dogger et du Lias) du sud du département, plus riches en silex. Plus au Nord, en l’absence de silex, les hommes ont mis à profit d’autres roches, voire tout un panel de roches, pour répondre à leurs besoins d’outils. La présence de cours d’eaux, qui sont des couloirs de circulation privilégiés, est également un facteur favorisant les implantations.

Si l’on s’attelle à dresser un bilan de la connaissance des vestiges du Paléolithique vendéen (sites et indices de sites connus) d’après les données fournies par la littérature et les collections du Musée Départemental de Vendée, on peut dresser une nouvelle carte de répartition des sites paléolithiques, qui correspond à l’état de la recherche.

Carte de répartition des sites paléolithiques de Vendée, par rapport aux formations géologiques
(réalisation S. Bourdin-Launay).

Avec l’importante collection Blondiaux, et l’industrie de Sainte-Hermine, la Vendée dispose désormais d’un assemblage abondant du Paléolithique moyen, fiable en termes de comparaisons typologiques et technologiques avec les autres industries régionales.

Il est d’autre part l’occasion de faire le point sur l’utilisation, au Paléolithique, des roches locales, ainsi que sur les facteurs favorables à l’implantation des campements néandertaliens.

Ce travail souligne également l’intérêt, pour les prospecteurs et les archéologues, de travailler conjointement.

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