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« Dissignac revisité ! »

14 décembre @ 15 h 00 min - 17 h 30 min

   Archéologue préhistorien de formation, Cyrille Chaigneau est médiateur scientifique au musée de Préhistoire de Carnac. Il anime Les Vaisseaux de Pierres, une association ayant pour objet l’étude de la place des monuments mégalithiques dans l’histoire de l’art, les imaginaires et les constructions identitaires. Elle développe un pôle éditorial dédié au sujet, il  nous fera une conférence sur :

Dissignac revisité !      Les signes néolithiques gravés sur une dalle assurant une part du plafond dans la chambre funéraire A de Dissignac (Saint-Nazaire, Loire Atlantique), forment la matière de cette causerie. Bénéficiant des opérations de fouilles archéologiques menées entre 1970 et 1981 par le SRA des Pays de Loire (dir. J. L’Helgouac’h), simultanément à des travaux de restauration, la dalle P8 est replacée dans un contexte architectural et chrono-culturel aussi précis et pertinent que possible. De surcroît, la numérisation de l’ensemble du monument permet de travailler sur une imagerie renouvelée autorisant de meilleurs rendus des plans et des élévations.

   Ce bloc est une anatexite récoltée sur le littoral, à 5 km au sud/sud-est de Dissignac. Aucune préparation du support ne fut utile pour inscrire le programme iconographique, la surface concave, lissée naturellement, se prêtant admirablement bien au piquetage des signes. Le levé réalisé par Serge Cassen et Valentin Grimaud, a inventorié trois motifs principaux : une première entité sémiotique aujourd’hui comprise comme la représentation d’un monstre marin (cachalot), la hache et la crosse. Ces deux derniers se distinguent spatialement et sont répétés en nombre égal (9 bâtons de jet et 9 haches/herminettes emmanchées). Le cétacé fut inscrit en premier, puis toutes les crosses dessinées selon un module similaire, et enfin les haches et herminettes. Parmi ces dernières, trois exemplaires sont augmentés à leur extrémité proximale d’un signe semi-circulaire interprété comme un bracelet en pierre simplifié, représenté au complet sur d’autres scènes de Bretagne et du Bassin parisien (Mane er Hroëck, Vallée aux Noirs).

   Dans sa position actuelle, restaurée, la dalle n’est pas à sa place originelle, une partie de la composition gravée était occultée par l’appareillage encorbellé. Si l’on tient compte de l’aménagement soigné d’au moins un bord du monolithe, sans réelle fonction dans la configuration structurale présente, on peut raisonnablement envisager qu’elle fut d’abord une stèle dressée dans un autre environnement. Le paléosol, piégé sous le cairn, a livré un riche ensemble céramique Castellic ancien et peut être contemporain de cette première phase monumentale. Les dates au C14 anciennement obtenues étant entachées d’écarts-types trop importants, une nouvelle série de datations directes opérées sur des résidus alimentaires carbonisés au creux de récipients céramiques a permis de proposer cinq résultats inscrits dans l’intervalle – 4700 et – 4300 av. n.è. Un vase décoré Castellic est ainsi utilisé dans une fourchette allant de 4600 à 4400, confortant le cadre chronologique proposé par Serge Cassen et adopté depuis.

   La dalle gravée peut donc être contemporaine de l’ensemble des vestiges néolithiques inventorié sous le monument, étape chronologique bien connue en secteur carnacéen, notamment pour sa contemporanéité avec le régime des stèles ornées souvent intégrées à d’importants ouvrages de pierres dressées. Les gravures de Dissignac sont d’ailleurs en accord avec le registre armoricain, et plus spécifiquement morbihannais. Mais la simplification extrême du contour du cachalot et son orientation déviante, ainsi que le dessin de deux lames polies « à pans », pourraient indiquer une réalisation du panneau au cours d’une phase plus récente. Le hiatus historique ne serait alors pas si important entre son usage comme stèle et son remploi comme dalle de couverture d’une tombe à couloir édifiée à la transition entre les Ve et IVe millénaire av. n.è. (tradition Auzay-Sandun).

   Le livre de Serge Cassen et Valentin Grimaud « Dissignac (Saint-Nazaire, Loire-Atlantique). Signes néolithiques gravés, avec le contexte », édité par « Les Vaisseaux de Pierres » sera disponible en février 2026.

Détails

Organisateur

  • Société Nantaise de Préhistoire

Lieu